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Attractivité. L'intelligence collective, meilleur allié des territoires
Dernière mise à jour : 25 août 2022

L'émergence des projets participatifs
Il apparait à tout me monde que les projets qui ne sont pas basés sur l'expression de besoins réussissent rarement. Les décisions éclairées par la simple vision d'un petit nombre n'ont jamais fait bon ménage avec utilité, efficacité et durabilité.
Dans les actions de développement économique, d'attractivité, la fin annoncée de ces projets, si elle est très positive, n'en est pas moins source de stress. En effet, pour une équipe projet, devoir emporter l'adhésion, mieux encore, l'investissement d'acteurs locaux partenaires, peut devenir un vrai casse-tête.
Les Appels à Manifestions d'Intérêt (AMI) imposent de plus en plus souvent la participation effective d'acteurs locaux variés
Il vous suffit de lire le contenu des AMI tels que Fabriques de territoires, Écoles de Production, ou les futures Manufacture de Proximité... pour comprendre que sans une mobilisation préalable et réelle (j'insiste sur la réalité), des partenaires locaux, la collectivité n'a aucune chance de faire financer son projet.
Un exemple ? L'AMI Manufacture de Proximité qui vise à accompagner l'émergence de nouvelles formes de tiers-lieux dédiés aux TPE, PMI et entreprises artisanales destiné à assurer le bouillonnement d'idées, de collaborations, la mutualisation de ressources et d'équipements, l'accueil de formations originales et différenciantes utiles aux territoire... Inclut une dimension collaborative dans le portage lui-même.
On peut y lire :
"Une dynamique de coopération entre les porteurs de projet, les collectivités territoriales et les acteurs économiques du territoire
La dynamique partenariale entre acteurs du territoire, privés comme publics (collectivités, entreprises, pépinières, incubateurs, tiers-lieux, Fabriques de territoire, organismes de formation…) doit être initiée de manière à ce qu'ils œuvrent conjointement au développement du projet et à son rayonnement."
La collectivité territoriale doit donc réunir autour de la table des acteurs aussi variés que les industriels, artisans, organismes de formation, et autres collectivités pour construire un projet qui colle aux besoins exprimés du territoire. Un projet où, plus qu'adhérer, les acteurs s'engagent à agir!
Pas simple pour les équipes mais indispensable pour déployer les outils, les structures, qui feront l'attractivité des territoire demain.
La fin du foncier facile, l'émergence de l'attractivité basée sur l'intelligence collective

Pendant pas mal d'années, l'activité "développement économique" majeure de nombreux territoires a consisté à aménager des Zones artisanales et commerciales. A commercialiser du foncier, aidés en cela par la rareté des m2 dans les aires urbaines concurrentes proches.
Ce temps est quasi révolu avec les nouvelles contraintes de limitation drastique de l'urbanisation. Demain qui voudra encore accueillir des activités de logistique nouvelles ?
Les territoires, y-compris, ceux qui traditionnellement disposent de place, vont devoir rapidement aller chercher leur croissance vers d'autres cibles, avec d'autres arguments, très différents et qui ne dépendent pas que de l'action de la seule collectivité. Produire de la compétence sur place, attirer les entreprises de services...
Des territoires, souvent au moins partiellement ruraux, peuvent avoir de l'ambition. L'arrivée du télétravail, l'émergence de l'entrepreneuriat indépendant, de professionnels plus mobiles, et le retour en grâce de l'implantation hors des métropoles urbaines.
Les entreprises industrielles ou artisanales sont aussi des cibles intéressantes. En quête de compétences techniques devenues très rares, elles ne s'installeront ou ne resteront sur un territoire demain que si elles parviennent à y recruter ou y faire venir les salariés qui remplaceront le départ à la retraite des boomers... Ce défi là n'est pas encore gagné. Demain les territoires qui y répondront feront clairement la différence.
Réussir le pari de répondre aux nouvelles exigences est difficile et les espaces qui accueilleront ces professionnels et ces entreprises devront répondre à un cahier des charges qui a profondément changé ces dernières années. Un cahier des charges qui contient des pratiques encore inhabituelles pour nombre d'acteurs publics.
Les nouveaux AMI de l'État sont, en cela, très parlants sur ce qui arrive et va bousculer la donne de l'attractivité.
Quelques nouveaux leviers d'attractivité à la veille de 2022
Être attractif c'est fournir un bureau et du Haut débit Internet et mobile, de la mobilité, une offre culturelle et des médecins... Mais pas seulement.
Les territoires doivent fournir de la formation pour une main d'oeuvre locale recrutable sur place, Ils doivent afficher un écosystème qui collabore réellement, ils doivent montrer la qualité de l'accueil réservé aux nouveaux résidents, ils doivent accepter de partager l'animation des projets, ils doivent enfin savoir afficher leur dynamisme là même où les candidats recherchent l'information avant de s'installer : Internet.
Traiter le sujet de la formation, animer et faire vivre le collectif des entrepreneurs et acteurs locaux, proposer des espaces de travail bien pensés et accueillants, maitriser le SEO (référencement) pour être visible... Autant de nouveaux métiers, de nouvelles pratiques, mais surtout et avant tout de nouveaux paradigmes qui sont encore loin d'avoir pris place dans la majorité des collectivités. Tant mieux pour celles qui l'ont compris très tôt !
La création d'un tiers-lieu de territoire, un bon apprentissage pour une transformation et un outil pour la suite
Lorsqu'un territoire se lance dans la création d'un espace de coworking, il doit ouvrir le projet à des partenaires, il doit inventer un contenu original basé sur les besoins et sur la participation des acteurs locaux, il doit afficher une communication débarrassée de la lourdeur institutionnelle, il doit, ensuite, savoir partager la gouvernance elle-même du nouveau lieu.
Une excellente école pour ce virage vers une attractivité plus participative et plus durable.
Un tiers-lieu c'est également un lieu où les partenaires dont le territoire aura besoin demain, seront actifs. Un espace neutre de collaboration qui multipliera les rencontres improbables ; de celles qui génèrent les projets les plus transverses.